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Du blé dur, des semences et du maraîchag Du blé dur, des semences et du maraîchage

Grégoire de la Roussière produit des fraises et des asperges sous une serre photovoltaïque.

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Pour dégager un revenu sur 90 ha, Grégoire de la Roussière mise sur trois ateliers : céréales, semences et maraîchage. « J’ai fait ce choix dès mon installation en 2011. Dans un contexte instable, avec des prix de vente qui varient d’une année à l’autre, je tiens à partager les risques », explique le jeune agriculteur.

Depuis 2016, une serre en verre de 3,8 ha se dresse à côté de ses champs de blé dur. Les versants du toit orientés au Sud sont couverts de panneaux photovoltaïques. L’investissement a été financé par le groupe Reden Solar et la serre construite par l’entreprise Van der Hoeven. L’ombre des panneaux réduit la lumière au sol de 40 à 80 % suivant les saisons. Cependant, la vente d’électricité rentabilise l’investissement et la serre est mise gratuitement à la disposition de Grégoire pour trente ans.

En 2017, il a commencé à y produire des fraises sur 8 500 m2, après s’être fait la main durant trois ans en plein champ. « Avec des tray-plants, qui ont déjà reçu en pépinière les heures de froid nécessaires au lancement de la floraison, je commence à récolter mes gariguettes début avril. Cela me permet d’être présent commercialement dès le début de la saison », note-t-il.

Pour prolonger la récolte jusqu’en juin, il continue avec des variétés rondes. « J’installe en juillet de l’année précédente des plants à racine nue. Ils sont moins précoces que les tray-plants mais reviennent moins chers et sont plus productifs », précise-t-il. En 2017, il n’a pas pu évaluer les rendements car une panne du réseau d’irrigation a écourté la campagne. Mais il a validé la précocité et la qualité de ses fraises, qui ont été appréciées de ses clients. « C’est déjà un bon point ! », relève-t-il.

En biocontrôle uniquement

Les plants sont installés sur des buttes recouvertes de paillage noir. « Je bine entre les buttes et, pour protéger les plantes, je n’utilise que des méthodes de biocontrôle. Contre l’oïdium et le botrytis, je dispose des coupelles de fleur de soufre entre les plants. Et pour maîtriser les acariens et les pucerons, je lâche des auxiliaires. Sous serre, cela fonctionne bien », constate-t-il. Un technicien de Koppert, l’entreprise qui lui fournit ces auxiliaires, vient chaque semaine observer ses fraisiers et lui donner des conseils. « Je me forme avec lui », note Grégoire.

Consolider la valeur ajoutée

Dès 2016, il a implanté sous la serre 10 000 m2 de plants d’asperge, qui commenceront à produire en 2018. Sous abri, cette culture nécessite une bonne aération. « J’ai négocié l’ajout d’ouvrants latéraux, pour faire un effet cheminée avec ceux du toit », précise-t-il. Pour les asperges comme pour les fraises, il table sur une production précoce bien valorisée pour compenser la réduction de rendement liée au manque de lumière. « Il y a peu de références pour les serres photovoltaïques. En me lançant, j’ai pris des risques. Mais il y en avait aussi à ne rien tenter, vu l’évolution des marges en céréales », affirme Grégoire.

Lorsqu’il s’est installé, le prix du blé dur dépassait 300 €/t. En 2016, il l’a vendu 240 €/t en moyenne et, en 2017, 195 €/t. « Je dégage encore une petite marge mais il faut tout raisonner finement », souligne le jeune agriculteur. Pour assurer la qualité et le rendement, il ne fait pas d’impasse sur les charges opérationnelles. « L’an dernier, j’ai fait un tour d’eau en mars car les sols étaient très secs. Cela valait le coup, j’ai produit 10 q/ha de plus que sur les parcelles où je n’avais pas eu le temps d’arroser. » Il a ainsi obtenu un rendement moyen de 58 q/ha, avec un taux de protéines proche de 14 %. En 2016, avec un climat plus favorable, il était monté à 65 q/ha.

Pour le matériel de culture, il a fait le choix de la Cuma. « Nous achetons en priorité du matériel d’occasion pour contenir les charges. » À son installation, il s’est équipé pour pouvoir irriguer toute sa surface. « Je peux ainsi faire une rotation avec les blés durs, les pois chiches et les semences », précise-t-il. Pour l’instant, ce sont ces dernières qui assurent l’essentiel du revenu. Toutefois, l’attribution de contrats varie d’une année à l’autre, de même que les résultats techniques.

En maraîchage, tout n’est pas encore gagné mais Grégoire reste confiant. « Produire et vendre moi-même des fruits et légumes prêts à la consommation me plaît », affirme-t-il. Leur récolte, d’avril à juin, s’insère dans le calendrier de travail. Les charges opérationnelles sont élevées mais les prix de vente aussi. « Après deux années difficiles, j’espère consolider mon exploitation en amenant de la valeur ajoutée supplémentaire, sans avoir à entrer dans une course à l’agrandissement. »

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